Sébastien

25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 00:30

"Ne lui parlez pas de La Corogne, il serait capable de sortir de ses gonds. Sébastien Picault ne veut plus y mettre l’étrave de son bateau. Quelle mouche l’a piqué, direz-vous ? Flash back. Septembre 2009. « Pic », comme on le surnomme sur les pontons, est au départ de sa 2^e Charente-Maritime / Bahia Transat 6,50. Il veut faire mieux qu’en 2007 (32^e).

Le voilà qui attaque d’entrée. « J’ai navigué contre nature » dit-il alors. Et il casse. Obligé de faire une escale en Espagne. La Corogne est le port le plus proche. Il répare. Tout va bien jusqu’au moment où il veut sortir de ce fichu port. Mais entre marée, courants, vents contraires, Picault va galérer 36 heures avant de s’échapper de ce piège liquide. Il s’en veut énormément.

« J’ai bien terminé l’étape, fait une honnête perf entre Madère et Bahia, mais j’avais perdu trop de temps dans ce foutu guêpier. » Au final, il termine 19^e. Cette année, il est donc encore là. Avec le même sponsor (Kickers) et surtout le même mini, un proto plan Magnen de 1997. Le plus vieux de la flotte.

Il va disputer sa septième Transat. Il connait le parcours par cœur. Il pourrait y aller tout seul » raconte-t-il. Entre le marin et son bateau, l’histoire d’amour se poursuit. Sébastien aimerait qu’elle se prolonge jusqu’à Bahia. Une fois de plus.

« Il est vieux, mais toujours performant, analyse-t-il. Regardez l’an passé dans les Sables-Les Açores, j’ai fini 4^e. J’espère, sur cette transat, pouvoir me battre de la même façon, avec les protos de la dernière génération. Ça ne sera pas facile, j’en conviens. »

Et d’analyser les forces en présence. Il est vrai qu’en « vieux routier » Sébastien Picault connait son monde. Son appréciation mérite d’être écoutée : « Pour moi Bertrand Delesne est le grand favori. Ensuite, il y a Thomas Normand un garçon brillant, humble, gentil et Aymeric Chappellier. Mais auparavant, il y avait sept-huit candidats à la victoire. Cette année ils seront une bonne quinzaine. Le niveau augmente chaque année. La course n’en sera que plus intéressante. »

Il souhaite seulement pouvoir jouer les trouble-fêtes. Se glisser dans la bagarre « de devant ». Il s’attend à souffrir, d’autant qu’avant de se lancer dans cette transat, il aura disputé sa première Solitaire du Figaro : « J’espère ne pas être totalement cramé. »

Une chose est certaine, « Pic » n’attaquera pas dès le coup de canon : « Je serai prudent. Mon objectif : une place dans les 15 premiers à Madère avec un retard maximum, sur le vainqueur, de 6h. Après, nous verrons bien. »

Après ce seront plus de 3400 milles entre Madère et Bahia : « Sur une telle distance, il y aura de quoi jouer. La réussite c’est 1/3 le bateau, 1/3 le bonhomme et 1/3 la préparation et l’entraînement. On fera les comptes au Brésil. »

Cependant, Sébastien Picault ne songe pas qu’à sa petite personne. Il fait un vœu : « Que les conditions soient clémentes et que tout le monde arrive à Bahia. Je suis vraiment heureux d’en être. Pensez ! Il y a 10 nationalités au départ. C’est bien pour nous et pour la classe. »

Il est ainsi « Pic ». Il parle haut et fort mais il est profondément humain."

[extraits du site : www.charentemaritime-bahia.transat650.net ]