Des passionnés ressortent les planches à voile des années 80. Ils se retrouvent sur les plages charentaises. Pour pratiquer la planche à voile à la papa.
Elles sont lourdes, arborent des couleurs plus vraiment en vogue et ont souvent besoin d’un bon coup de dépoussiérage. Les planches à voile ont fait fureur dans les familles, de la fin des années 1970 au milieu des années 1980. Mais quand les enfants ont grandi, ils les ont délaissées, leur préférant du matériel plus mince, plus léger, plus fun. Et puis ces enfants ont vieilli, et la nostalgie est venue. Une poignée de véliplanchistes a décidé, l’an dernier, de redonner vie aux planches d’antan sur les plages de Charente-Maritime. Sous l’impulsion de Thierry Anton, animateur d’une émission sur la voile sur Radio Collège à Aytré, ils se regroupent lors de plusieurs sessions cet été pour pratiquer ce qu’ils appellent avec autodérision "la planche à voile à la papa".
"On est tous des papas, voire même des grands-papas, sourit le sexagénaire. On retrouve les planches sur lesquelles on a débuté et on invite tout le monde à fouiller les greniers et à nous rejoindre." Pour Thierry Anton, la planche à voile à la papa, c’est remettre au goût du jour un sport populaire. "À l’époque, la planche à voile était un produit de consommation courante, beaucoup de monde en avait sur la plage de Châtelaillon, mais maintenant c’est devenu un sport de bourges. Mes parents avaient acheté la nôtre dans un supermarché Mammouth."
Ce dimanche de fin mai, ils sont une demi-douzaine à se retrouver sur la plage de Châtelaillon. Sous le soleil, blanches comme des os de seiche, des planches Dufour Wing, des Crit D2. Aux voiles jaunes, bleues, orangées.
Dufour, Mistral et Bic
"On recherche plus le plaisir de la voile, celui des sensations douces plutôt que l’adrénaline", décrit Richard Geoffrion, quadra venu des Sables-d’Olonne avec sa Mistral Competition Superlight de 1984. "C’est des supports qui parlent, il y a tout une mystique autour de ce matériel." L’intérêt des planches des années 1980, selon ses adeptes, c’est que l’on peut glisser même par petit temps, s’échapper jusqu’à l’autre côté de la baie de Châtelaillon. Mais d’abord, il faut traîner les 20 kg du matos jusqu’à l’eau. Et surtout apprendre à relever la voile pour pouvoir tirer des bords. "Ce n’est pas une activité facile, ça demande d’être opiniâtre", précise Richard Geoffrion. Arnaud Gontard a lui 25 ans. Il a fait l’acquisition d’une planche Bic de 1990. Par attrait pour une mode vintage ? "Euh, pas vraiment... En fait là, on est carrément ringards !", se marre le jeune Rochelais. Un bon point pour ces vieilles planches, dont personne ne veut plus: elles ne valent rien. Thierry Anton a obtenu la sienne contre une bouteille de rosé. Arnaud Gontard l’a trouvée pour 20€ sur internet. "Mais il faut que j’apprenne à gréer. Sur les planches de maintenant, tout se clipse, là il y a un peu de nautisme", précise le vingtenaire. C’est Françoise André-Toumit, du club nautique de Châtelaillon, qui lui montre les bons gestes. "On retrouve l’ambiance de notre jeunesse, sans prise de tête", apprécie la sexagénaire.
À marée haute, les véliplanchistes commencent à se faire plaisir. Leurs planches, si lourdes sur terre, paraissent voler sur l’eau. Ils glissent sans bruit. À la cool. À la papa, quoi.