Il est dans la vie des semaines si denses, que l'on se demande comment pouvoir les raconter.
Tout commençait pourtant comme la précédente, les mains dans les pots de résine, plus précisément le primaire d'epoxy qui imperméabilise les réparations avant la passe de peinture. Puis passage de l'antifouling, choisi bleu profond comme la mer. (Tiens je ne me rappelle plus la couleur de l'antifouling que l'on tartinait en famille sur IPPON ?)
Là encore la chaine de solidarité et d'amitié qui se maillonne autour de «notre transat» a fait son oeuvre, avec le renfort de Jean-Mi et de Steph (portrait en cours).
Puis enfin TI'PUNCH s'éleva dans les airs, enlevé par le roulev de la cale du plateau nautique pour être délicatement déposé dans le port. Ce fut presque aussi émouvant que la première fois, quoiqu'on s'habitue à voir les bateaux voler.
C'est Bruno et son micro Gary qui se charge de remorquage vers le ponton 15 dédié aux coureurs du Trophée mini. Un micro avec un 4 CV et demi, c'est plus efficace qu'un TI'PUNCH en 2 CV, c'est sûr (Il va falloir que je pense rendre le moteur à Claude, car il n'est visiblement pas adapté au bateau).
Oui,vous avez bien lu, «TI'PUNCH rejoint le ponton dédié aux coureurs du Trophée mini» ! Non mais je rêve pincez-moi : une course enfin !
Certes, ce n'est pas la mini-transat (ou le Vendée globe ), c'est tout juste une course de petits parcours dits « banane » (car avec beaucoup d'imagination on doit pouvoir dessiner une banane qui relie les 3 points où sont mouillées les 3 bouées qui le matérialise), ou des parcours dits « côtiers » dans le pertuis d'Antioche ou Breton (Oui, ça fait belle lurette qu'on peut manger des galettes et des crêpes à Saint-Martin !)
Trouverai-je les mots justes pour remercier les responsables de la Classe Mini et Annabelle de m'avoir invité à participer à ce trophée maison enfin taillé à ma mesure ? Une course bon enfant qui clôture la saison des courses en Mini.
La veille de la course, le jeudi on décide de faire une sortie pour essayer toutes les voiles avec Steph. Mais de préparation en préparatifs, la journée s'écoule sans que l'on ait le temps de sortir : on a déplié et réparé toutes les voiles, réajusté le tangon, vidé le bateau du matériel superflu, etc...etc...tant est si bien qu'à l'heure de l'apéro TI'UNCH n'a pas encore quitté le port.
C'est à la SRR, où l'on se retrouve pour le sus-dit apéro avec comme prétexte de valider les inscriptions de mes équipiers potentiels : Alain, Bruno et Steph. Surprise Lolo nous y rejoint !
Après avoir récupéré les instructions de course et ses annexes qui définissent la cartographie de 25 parcours côtiers possibles, je retourne sur TI'PUNCH rentrer dans le GPS les coordonnées de tous les amers décrits. C'est long ! Et il est disons moins intuitif qu'un portable tactile le GPS de TI'PUNCH (mais il est bien plus solide et étanche). Les cartes marines détaillées sont à bord, car comme moi vous avez bien lu, si je ne redoute rien de la banane, l'adjectif «côtier» me met désormais en alerte ! Je "m'amarinise" !
Le jour J, vendredi, breefing des coureurs à la SRR, y a du monde : 27 bateaux inscrits à raison de 2 à 3 équipiers à bord, plus les membres du jury de la SRR, plus les membres de la classe-mini, dont son Président : Olivier AVRAM, plus les femmes et familles des marins....
Pour cette première journée c'est Alain qui embarque à bord. Petit point sur la météo, les courants de marée et la tactique et nous voilà partis.
Le premier parcours, c'est la banane, chaud le départ, et ensuite on finit 19ème, mais avec un ris dans la voile et sans envoyer de spi. Le vent ne souffle pourtant pas si fort mais bon on ne va pas prendre de risque la première journée.
La deuxième manche, le parcours n°15 (qu'on découvre inscrit derrière le bateau comité à la craie sur un grand tableau noir) nous fait tourner entre les bouées Marianne, sud-Lavardin retour Minimes puis aller jusque derrière le pont enrouler une bouée mouillée devant l'abbaye des Chapelliers. On progresse : 18ème, mais bien loin des protos de dernière génération (et des autres d'ailleurs) et la plupart des bateaux de série.
Peu importe, on a participé et pas peu fiers d'être dernier !
Tous ce petit monde se retrouve ensuite à la proclamation des résultats à la SRR. J'apprends les résultats du championnat de France de la Classe mini, Arnaud CHAIGEE – 529 a fini 3ème en Séries ! (C'est avec lui et à bord de son bateau que j'ai fait le premier entraînement en mini). En proto, c'est Nicolas BOILVEZI – 719 qui est 2ème et Aymeric CHAPPELLIER - ? 3ème. Pas mal pour les «Rochelais».
Le lendemain samedi c'est Bruno qui me servira d'équipier pour la régate programmée l'après midi. Le vent est moins fort que la veille, TI'PUNCH plus facile à manier. Parcours 20 nous indique le tableau. Bon départ, bonne remontée au près jusqu'à la Roche du sud puis Marianne (bouée près de l'île de Ré avant le pont) que nous franchissons dans le top 10 ! J'hisse le petit spi (le jaune) il faut m'y reprendre à deux fois, mais ça y est j'ai hissé mon premier spi sur TI'PUNCH. Malheureusement, mais on voulait être prudent, il est trop petit et on perd peu à peu des places au classement, d'autant plus qu'à la bouée des Minimes avant de remonter à nouveau au vent, mon affalage du spi est trop lent (ou commencé trop tardivement) et il nous emmène au moins à plus de 50 mètres sous le vent de la bouée, 4 à 5 bateaux en profitent pour nous doubler. Ensuite, remontée au sud du plan d'eau alors que les concurrents vont à terre s'abriter des courants et chercher du vent plus établi : on perd encore des places. Deuxième descente sous spi, le grand blanc et rouge cette fois qui est hissé, la manoeuvre étant facilitée par le vent mollissant. Notre place se stabilise, et juste avant de franchir la ligne, je parviens à déventer le 484 – de Pierre en me plaçant juste derrière ; nous le doublons 5 mètres à peine avant de franchir la ligne : YES !
Bilan : 16ème mais toujours le dernier des protos. Le soir, c'est Jean et sa femme qui régalent tout ce petit monde autours d'un barbecue géant à sa maison. C'est convivial la classe mini et c'est trop la classe Jean !
Dimanche dernier jour de la course, sortie des bateaux à 8h30. Le vent comme prévu est faible, du Sud, il devrait se renforcer l'après-midi en tournant progressivement au Nord après l'étale de basse mer.
C'est le parcours banane qui est mouillé. Départ plutôt vers la bouée babord qui me semble plus favorable et loin de la meute qui se dispute de l'eau au bateau comité. TI'PUNCH marche bien dans le petit temps et je retrouve les réflexes de mon enfance et de mon adolescence de régatier en optimist ou en laser : éviter les zone de calme lisse sur le plan d'eau, profiter de la moindre risée et virer de bord si ça refuse, marquer les bateaux sous le vent et surveiller le reste de la flotte. Suis à donf à la barre et Bruno joue le rôle de tacticien. Une grossière erreur tout de même je sors le bout-dehors (qui sert à amurer le spi) bien trop tôt de peur de n'avoir pas le temps de le faire après. Ce qui me vaut un appel de Nico BOILVEZI (himself) à la VHF qui me rappelle le règlement.
Résultat de ce début de course tactique : on passe en 3ème position à la bouée au vent, devant Nico et Aymeric !!! C'est un rêve ou la réalité ? Du virtuel au du réel ?
A la bouée suivante on est deuxième, Benoit- 614 faisant un 360° pour réparer sa touchette à la bouée !
Ensuite il faut lancer le spi, et là ça se complique malgré le vent qui mollit encore. On s'encalmine sur le mauvais bord au grand dam de Bruno. Finalement on s'approche du bateau comité, avant la deuxième remontée au vent, en 6ème position quand le jury choisit de hisser un signal d'avertissement et d'interrompre la manche faute de vent suffisant.
Ensuite c'est pétole et jeux d'eau en attendant le retour du vent. A 13h00 toujours rien, le bateau comité nous ordonne de rentrer au port et les remorquages s'organisent. C'est ballot, le vent se rétablit à ce moment, juste pour amplifier nos regrets de n'avoir pu courir avec TI'PUNCH dans ces conditions qui semblent tout à fait lui convenir.
Ensuite c'est la remise des prix et les podiums : en série 1er Etienne BERTRAND et Julien PULVE, 2ème Nicolas BOILVEZI et Oliver AVRAM..., 3ème Athur LEOPOL LEGER, son père et Julien. Nous on est 8ème (et dernier proto, mais quel plaisir d'entendre le président du jury lire la liste des coureurs et entendre TI'PUNCH applaudi)
En série : 1er Daminen CLOAREC (cherche toujours un sponsors !), 2ème Tolga PAMIR et Pierre CIZEAU, 3ème (??)
Voilà c'est fini, bien plus tôt que prévu, alors je m'inquiète pour la foule de mes supporters qui vont venir envahir le ponton n°15 alors que tout est plié et que même TI'PUNCH a regagné son ponton n°1. Finalement on se retrouve en famille à prendre une petite collation sur une vedette voisine. Il y a là Bérangère, une nouvelle amie de «notre transat» et je ne peux m'empêcher de penser que «la vie accorde souvent une deuxième chance.»
Le soir avant de rentrer retrouver une vie normale, je passe au « Bar du bout du monde » et là je rencontre le propriétaire de « Euh » un gros dogue allemand (le chien !) qui semble un géant devant le petit carlin de Dimitri. Il me rappelle (le proprio) que presque jour pour jour il y a un an, disparaissait Jean-Marc ALLAIRE, un ministe rochelais unanimement apprécié (mais que j'ai pas eu le temps de connaître) qui se perdit dans les passes d'Arcachon. Il s'apprêtait à prendre le départ de la mini-transat après 6 ans de préparation : le trophée mini 6,50 de La Rochelle aurait peut-être pu s'appeler le "trophée JMA" à sa mémoire, mais sa famille endeuillée était contre cette forme de commémoration*.
La vie parfois n'accorde pas parfois, une deuxième chance.
* voir article dans le prochain du journal de Bord