Thierry Anton était heureux comme un gosse pour la mise à l'eau de « Ti'punch ». (photo dominique jullian)
"La démarche sur l'embarcation n'est pas encore assurée. Mais quoi de plus normal sur un bateau qui s'appelle « Ti'punch » ?
« Et je fais quoi, là ? » demande Thierry Anton à ses amis venus assister, mercredi, sur le port des Minimes, à la mise à l'eau du bateau sur lequel il pourrait bien courir la Transat 6.50. Car, même si participer à une course à la voile est un rêve de gosse pour ce plombier reconverti de 48 ans, son palmarès n'est pour l'instant que virtuel.
Il a été pris par la mode des régates en ligne sur Internet et a fini, cet automne, par remporter la quatorzième place (sur 28 000 participants) à la Transat 6.50 virtuelle. Une vraie perf, reconnue dans notre édition du 13 octobre dernier.
Et le déclic du passage à la régate réelle est venu ce jour-là. « Je me suis dit que c'était possible, alors que je n'y avais jamais pensé avant. »
Pas si candide
« Pour l'instant, je suis une bille en voile », reconnaît-il. « Où sont les ficelles ? » « Les bouts, Thierry, les bouts ! » rectifient ses amis.
En fait, s'il joue le candide, il n'en est pas tout à fait un. Rochelais d'origine, il a, dans sa jeunesse, profité des semaines de voile en optimist organisées par les écoles de navigation. Il a même été, pendant ses années étudiantes, moniteur de voile. « Mais rien de très développé, juste les bases », précise-t-il.
Sa faible compétence en navigation reste le premier obstacle à la réussite de son pari. Mais comme un bonheur n'arrive jamais seul, celui qui lui prête gracieusement son bateau, Yves Dupasquier (1), rencontré presque par hasard, lui propose aussi de lui apprendre les rudiments de la navigation. « Quand Yves m'a annoncé tout ça, dès notre première rencontre, j'ai dû me pincer. »
Thierry s'est tout de même inscrit au pôle France de voile, à La Rochelle, pour ses entraînements. « À mon arrivée, on m'a regardé avec des yeux ronds », raconte-t-il.
Une qualification à gagner
Le deuxième obstacle est sportif. « On ne peut pas arriver comme ça, payer son inscription et partir ! » Pour obtenir sa qualification, Thierry va devoir participer à un certain nombre de courses d'ici à 2013. Il assure ne pas avoir peur. « Peut-être est-ce de l'inconscience ! Je ne sais pas comment je vais réagir pendant cinq ou dix jours en solitaire. »
Le dernier obstacle est financier. S'il a eu de la chance d'obtenir un bateau gratuitement, il lui faudra probablement 50 000 euros pour mener son projet à bien. À côté de la traditionnelle recherche de partenaires, il a créé une association. « Je veux que ce projet soit un partage, soit ouvert, alors j'ai créé Notre Transat (2). »
Sur le blog, Thierry Anton décrit les avancées du projet et y dresse les portraits de tous ceux et celles qui l'ont aidé.
Au risque d'utiliser des images un peu galvaudées, Thierry Anton avait vraiment des étoiles dans les yeux, mercredi, au moment de la mise à l'eau de « Ti'punch ». Durant toute la manœuvre, il n'a pas quitté son sourire. Au moment de monter pour la première fois sur le bateau, Thierry Anton a levé les bras, comme s'il avait déjà gagné. Et c'est vrai que la rapidité avec laquelle il en est déjà arrivé là est remarquable. Pourtant, le chemin reste encore long avant les Antilles (3)."
Par Pierre Garrat
[Extrait du site du journal SUD-OUEST]
(1) Il a participé deux fois à la Transat 6.50 (autrefois Minitransat).
(2) www.notretransat650.fr
(3) La prochaine Transat 6.50 ira de Douarnenez à Pointe-à-Pitre.