C'est aujourd'hui Dimanche, vais aller voir maman
avec des roses blanches, celles qu'elle aime tant.
Non c'est demain Dimanche, minis partiront dans le vent
avec leurs voiles blanches, celles qui portent tant.
Pour la transat pas d'la Manche, mais de tout l'océan,
avec ses gerbes blanches, celles qui phosphorent vraiment.
Comment vous dire...
Les ministes sont en course, putain encore deux ans,
deux ans à constater que rien n'a avancé.
Deux ans pour la prochaine. Nulle idée du comment
relancer le projet qui commence à dater.
En attendant ce jour, je m'ennuie quelques fois,
aux quais je traine le jour voir la file de vaisseaux,
ils s'en vont faire un tour et moi à la radio,
leurs skippers causent toujours de voyages en bateau...
Oui donc à force à force ça me démange un petit peu cette situation à la con : car plus ils en parlent et plus j'écoute de récits de marins, et moins je navigue en solitaire, car je ne trouve pas comment faire.
Donc de temps en temps, l'envie de prendre la mer me prend comme une envie de pisser. Une sorte d'urgence vitale pour pas tomber dans une complète schizophrénie.
Ce qui a changé tout de même c'est que pour faire du bateau c'est bien plus facile, il suffit de demander.
C'est bête à dire mais avant soit je n'osais pas, soit en fait ça m'intéressait somme toute moyennement d'aller en mer faire autre chose que du mini, pour garder un tant soit peu de cohérence dans le projet de «l'homme sans bateau».
Et quelques souvenirs alimentent mon rêve.
Il y a quelques vingt ans alors que je chômais,
entre boulots ambulants dans nos campagnes.
Je répondis à l'annonce d'un convoyage.
Il s'agissait après le Grand Pavois de l'occasion d'alors, d'amener à Vigo le flambant vieux voilier que venait de s'offrir un acheteur portugais en vacances à La Rochelle.
Je ne me souviens plus très bien de l'acheteur car il n'était pas du voyage.
Ce dont vaguement je me souviens c'est la dégaine du skipper qui était chargé du convoyage. Un grand sec qui cherchait un marin bénévole et d'eau douce pour l'accompagner.
Cela tombait bien, j'étais alors pas si ancien moniteur de voile à l'UCPA sur le lac de LACANAUX.
Du bateau pas grand souvenir non plus.
Un monocoque ça c'est sûr. Disons d'une neuvaine de mètres avec des boiseries à bord style d'un bateau d'HARLET.
Ce dont je me souviens par contre c'est qu'il n'y avait pas de pilote automatique à bord : juste une barre franche en bois patiné des mains calleuses des barreurs successifs.
Donc ce qu'on pige très vite dès qu'on largue les amarres dans ce cas de figure, c'est qu'on va barrer la moitié du temps : - «Toutes les 3 heures pendant 3 heures ? Ca te va ? » m'avait proposé le skipper. Moi évidement, ça m' allait.
Ce voyage, il me semble que je vous l'ai déjà raconté dans mon journal de bord.
Si je radote alors je vais radoter bref : 6 jours de mer environ donc 72 heures à la barre, la plupart du temps seul dans le cockpit car on dormait plus des trois quart du temps, disons 3 quarts sur les quatre de repos journalier si vous me suivez !
Les dauphins bien sûr, plein. Les gerbes de plancton phosphorescent sous la voie lactée, les innombrables gymkhanas entre les chalutiers entre autres, l'interminable côtes de falaises galiciennes figées dans la pétole (peu de souvenirs d'avoir utilisé le moteur qui devait être hors-bord). Et puis l'arrivée enfin dans la baie de Vigo, il me semble que ce devait être une baie mais n'y suis jamais retourner pour pouvoir en être sûr. La vue du propriétaire au bout du ponton content de voir enfin son bateau à bon port, une bière au bar de la marina, la terre qui tangue, déjà direction la gare de chemin de fer en taxi, les ongles plantés dans le simili cuir de la banquette arrière... terrorisé par la vitesse de ce taxi qui me semblait rouler à deux cent à l'heure en pleine ville vers mon tombeau ouvert... pourtant aucune raison ne pouvait justifier de vouloir rempiler si vite avec la vie des terriens.
C'était fin septembre ou peut-être en octobre.
Aussi je me souviens, qu'en janvier peut-être,
de l'année la suivante je reçu une lettre.
Elle m'était envoyée par la femme du skipper qui me demandait si j'avais reçu des nouvelles de son mari. Etaient-ils mariés ? je l'ignore toujours est-il que son homme était disparu en mer au large de la corne de l'Afrique. Je ne l'ai pas revu depuis.
Fin de l'interminable introduction. Revenons au titre : c'était donc une Transgagogne.
La Transgascogne je l'ai appris depuis c'est aussi une course du circuit de la classe mini. Les années paires entre chaque mini-transat. Les ministes font un aller-retour entre les Sables et La Corogne. Evidement je suis à mille mille et une nuit de pouvoir la faire cette Transgascogne en mini. Et encore mille et mille et une nuits c'est carrément me bercer d'optimisme.
Donc revenons du pourquoi et du comment je vous écris depuis déjà une heure disons dans un train qui me ramène en compagnie de Michel et Nelson à Hendaye : ville terminus du réseau ferré d'Espagne.
Tout simplement que je viens de refaire une Transgascogne en bateau : l'aller sur la mer encore. Pour l'instant je me contente du train pour le retour.
Toute cette nouvelle histoire a commencé il y a trois semaines. C'est quand Mathilde est revenue. Ou plutôt re-re-....venue car Mathilde elle finit pas de revenir.
Elle m'invite donc à venir à bord d'un bateau d'un de ses voisins qui habite comme elle aux Minimes à bord de son bateau. Au ponton 51 à l'heure du Pastis : il est des invitations que l'on ne peut pas refuser.
Au beau milieu de la flotte défraichissante des voiliers de luxe AMEL gisait un quasi aussi gros bateau : KELONE.
Gisait car vu l'état du chantier à bord, on imaginait mal qu'il puisse être rapidement en partance, voire même en mouvance tout court.
Mathilde me présenta celui qui a son tour se présenta comme le propriétaire du bateau. Pour être tout à fait franc, il ne ressemblait guère à un skipper hauturier mais plutôt à un berger des alpages du phénotype F'MURR pour les bdphiles.
Un homme tout en laine plutôt poilu du visage. Plus grand et svelte que le personnage de la BD mais le regard tout aussi lointain.
Un homme un peu perdu dans ses rêves. Un homme en transhumance.
On me fit une petite place sur la banquette du carré et de nouveau de la place sur la table encombrée pour le poulet au pot qui se tenait chaud au fond de sa cocotte.
L'on causa la bouche pleine.
Bertrand, c'est le nom du berger me raconta son projet de voyage autour de l'Atantique. L'histoire était belle à raconter à la radio bien que je doutais sérieusement sur l'imminence du départ tant le bateau semblait en chantier.
- «Top là tu viens jeudi à RADIOCOLLEGE nous raconter tout ça. Rdv 19h30, voire 19h45 au max et tu viens, obligé car c'est du direct ensuite....»
(J'ai toujours peur qu'on me pose un lapin le jeudi... mais bon finalement dans le milieu des marins, c'est pas fréquent le lapin : un seul ratage en 3 ans pour une émission hebdomadaire.)
C'était topé. Mais Bertrand, c'est aussi d'un plombier dont il avait besoin pour pouvoir partir et il me fit l'inventaire : - «Là et là ça fuit, là la pompe d'eau douce elle marche tout le temps et parfois ça remplit le bateau. Là dessous la pompe de cale elle ne vide pas le bateau, là sous le capot moteur les tuyaux sont boursouflés, il faut les changer....»
C'est la première fois qu'on me demande de faire de la plomberie sur un bateau alors évidement j'accepte. Et puis vint le jeudi.
Pour moi le jeudi c'est pas un jour comme les autres, c'est un jour de radio, un jour de rencontre, mon rendez-vous avec un marin plus ou moins au long court.
La radio, j'ai appris en la faisant, C'est «zéro prépa, que du blabla». Mais pas n'importe quel blabla. Une sorte de «blablaboat» avec un marin, une forme de co-voiturage de la conversation. Ca ressemble à un dialogue de bar, à une confession marine, à une causerie de salon littéraire. Ca demande une qualité d'écoute que je ne me connaissais pas ou peu avant de faire de la radio. Une sorte d'auto-thérapie sociale pour ne pas dire une bateau-thérapie de «l'homme sans bateau».
Après une heure de notre «grand entretien», j'ai toujours l'impression que je me suis fait un ami pour la vie, mais en fait c'est rarement le cas. Parfois si.
En tout cas après l'émission de Bertrand, ça ne pouvait en rester là. Au moins pour une raison impérative, il fallait que je retourne sur KELONE pour lui parfaire le sanitaire.
Combien de temps j'ai passé à bord de KELONE, combien de jours j'y suis retourné, je l'ignore. Le temps à bord d'un bateau ne coule pas pareil qu'à terre même si le bateau est à quai.
A bord il y avait aussi un électricien chevaleresque dit «Philippe de PERCEVAL»; il semblait parti en croisade. En croisade pour que KELONE, faute d'être «le plus beau bateau du monde», puisse au moins partir en croisière.
Techniquement la plomberie marine relève plutôt de la plomberie de jardin. C'était ici, bien souvent qu'une histoire de tuyau et de colliers serflex.
Et puis à force de partager le quotidien de Bertrand à son bord, et celui de sa famille de pontons, il y une une parole magique du capitaine: - «Au fait on part dans trois jours : le 1er novembre, on va à Vigo, tu viendrais pas avec nous pour la première étape de mon tour de l'Atlantique ?»
Et c'est ainsi que je me retrouvai mon baluchon de bottes et de veste de quart à la main, aux Minimes sur le ponton 51, le samedi matin pour embarquer à bord de KELONE.
C'est aujourd'hui Dimanche, vais aller voir maman
avec des roses blanches, celles qu'elle aime tant.
Non c'est demain Dimanche, minis partiront dans le vent
avec leurs voiles blanches, celles qui portent tant.
Les marins lâchent la manche, de leurs amours d'antant,
avec des étreintes franches, celles qui comptent vraiment.
Comment vous dire...
KELONE ventru, pataud, ondule dans le chenal,
le vent ne fait pas frisonner sa mutine.
Il file, un sillage bouge, au tableau droit.
Journal de bord de KELONE : Jour 1-samedi.
Nous sommes cinq à bord :
Bertrand donc le skipper-propriétaire qui rêvait de larguer les amarres avec sa maison sur le dos. Bertrand l'homme devenu tortue marine : le nouveau chélonien mi-Caldoche à cheval, mi-kanak sur l'océan.
Nelson, l'étudiant promu second. Le beau gosse avec la force de ses moins de vingt ans. Neslon l'enfant dans un corps d'adulte.
Michel, l'homme devenu tronc. Le spéléo devenu paraplégique à l'effondrement d'une carrière il y a trente ans. Michel le papa de deux belles jumelles de 8 ans qui est venu à bord pour découvrir un nouveau jeu de société grandeur nature.
Tirlibibi, la mascotte du bord. Le chaton sourd au yeux bleus. Tirlibibi notre fée clochette, notre boule de poils immaculée comme l'écume.
Il nous fallut quasiment la journée pour quitter le pertuis. Immobile à notre travers babord, Chassiron, le phare figé comme au centre d'une horloge insulaire, ne nous quittait pas de sa lanterne. Nous lambinant au rythme de sa petite aiguille horaire. Le temps semblait déjà comme en suspend, tout ralentissait d'un coup. Tout s'apaisait en ce début de voyage chacun voguant à sa guise dans le futur, le passé ou le présent.
«Déjà» PERCEVAL le bateau du Gallois nous avait salué d'un coup de corne de brume salutaire et repartait rejoindre les Minimes en attendant son tour pour son grand voyage.
Je m'improvisais bosco en concoctant un poulet aux olives en prenant soin de bien consteller d'huile de friture la flambante neuve gazinière d'Aurore. Ce fut un régal qui inaugurait bien une croisière gastronomique.
Hélas la houle bien formée du large rappela bien vite à l'équipage que le restaurant était branlant. Que ce fut un repas de dupe. Que nos boyaux avaient aussi largué les amarres et bien vite le repas avec.
Eprouver le mal de mer en mer alors qu'à terre pour des hommes en mal de mer à terre est toujours une expérience bien décevante. Elle nous rappelle nos origines physiologiques bien terrestres et qu'il faudra bien faire avec.
Chacun à bord vivant son mal avec le plus de dignité et de discrétion possible. Sauf Tirilibi qui sans vouloir l'accabler avait la fâcheuse tendance à disséminer un peu partout et sans le moindre discernement des gerbis de poulet à peine prédigérés.
Pour ma part le calvaire digestif dura en tout et pour tout 24 heures.
24 heures chrono à rendre quasi immédiatement chaque aliment que je tentais d'ingurgiter qu'il soit liquide ou solide. Le jeu consiste alors à avoir quelque chose à rendre car vomir à sec est douloureux. Le seul apaisement consiste en ces petites gorgées de Coca bien frais qui ponctuent nos débordements comme d'autant de lendemains de cuite.
Certains moments de contemplation apportent tout de même un peu de répit.
La nuit est claire, le spectacle grandiose. Grandiose c'est un adjectif souvent galvaudé mais là il est vraiment adapté à la situation : le plat horizon à 380° découpe une demi-sphère de la voûte céleste. Une écharpe scintillante l'enroule en son milieu : c'est la voie lactée comme on peut l'observer rarement à terre. Pour beaucoup l'observation du ciel se limite à la reconnaissance du chariot de la Grande Ourse voir du «W» de Cassiopé. Pour moi le ciel est peuplé de personnages et d'animaux de légende. Je n'ai pas souvent regardé une étoile ou une planète à la lunette astronomique, mais j'ai appris il y a trente ans à reconnaître les constellations. A lire dans le ciel ouvert leur histoire. N'y voyait aucun mérite, j'ai juste un livre. Un livre que j'ai maintes fois relu et que je relis encore. C'est Hans Augusto REY qui l'a écrit dans les années cinquantes, il a été traduit par les Edtions Maritimes d'Outres Mer. Il s'appelle : «Sachez lire les étoiles» et il suffit de le lire pour savoir et sans cesse le relire pour ne pas oublier. Il m'a accompagné des centaines de fois la nuit sur mon chevet céleste. Du coup comme sur terre j'entame la tournée des mes compagnons des nuits sans nuage. Je commence par la grande puis la petite ourse et sa polaire. Entre elles s'enroule le Dragon qui regarde la Lyre. Dans le manche de la Lyre il y a Véga, qui m'emmène à Altaïr, l'oeil de l'Aigle, puis Deneb le croupion du Cygne. Ces trois étoiles forment le triangle d'été, et bien que l'on s'y croirait vu les températures on est déjà en automne et le triangle est plus bas sur l'horizon ouest. Dans le sillage du Cygne veillent le roi Céphée et sa reine Cassiopée ou plutôt son trône en forme de «W».. Dessous quatre étoiles forment le remarquable Grand carré. Si l'on divise le carré par la bonne diagonale, on sépare deux constellations : Andromède, la fille de Cassiopée et Céphée, la femme enchainée menacée d'être dévorée par la Baleine et sur le point d'être sauvée par Persée son amoureux. Andromède et sa galaxie à son genou droit. De l'autre côté du carré c'est l'aile de Pégase. Dessous on peut commencer à rendre visite aux constellations du zodiaque : le Verseau se couche, les Poissons toujours aussi difficiles à reconstituer, puis le Bélier, le Taureau et ses magnifiques Pleïades au bout de la corne et Aldébaran son étoile du diable dans la bouche. Enfin les Gémeaux jouent ce soir à l'est à cache-cache avec la demi-lune. Et comme c'est bientôt l'hiver, Orion le chasseur se lève déjà avec son étincelant baudrier....
C'est chouette d'avoir tant d'amis pour partager ses quarts de nuit.
Journal de bord de KELONE : Jour 2- Dimanche.
Je suis seul à bord :
Lové dans mon duvet sur la couchette haute tribord, je rêve.
Il fait soleil dehors mais pour rien au monde je me lèverai de ma bannette.
Le gréement brinquebale en craquements sonores et le bruit du clapotis me caresse la coque sur le dos. Le ronronnement du moteur est juste perceptible. Tout semble calme à bord : tout semble déjà normal. Nul besoin d'anticiper mon quart.
Ma bannette c'est mon refuge, c'est mon espace à moi, un mètre cube de sécurité au milieu d'un golfe pas toujours très clair. Même malade j'y dors du sommeil des justes embarqués et je la quitte toujours mieux que j'y suis arrivé.
Déjà il me semble avoir vécu ce que j'étais venu chercher : un coucher de soleil, une nuit étoilée, un lever de lune et tout ça dans la mer à perte de vue. Mes aigreurs d'estomac m'ayant à peine gâché le spectacle.
Je me lève d'une sieste trop longue en pleine forme et nous nous retrouvons tous sur le pont. Chacun vaque à ses occupations. Chacun apprécie de partager son bonheur d'être là ensemble dans le spacieux cockpit de «notre» SUN KISS 45. Quarante cinq c'est pour les 13,23 m de longueur. C'est grand sloop trentenaire dessiné par le rochelais Philippe BRIAND .
Nelson a toujours des histoires à raconter. Il reste en alerte dès que le radar le bien nommé : «MerVeille» sonne dans le bateau ou quand l'écran de l'AIS qui jouxte le pilote automatique ce met à biper. C'est souvent. C'est en même temps et ça l'agite encore plus maintenant que nous sommes en haute mer. C'est les signaux qu'un bateau est à proximité ou pire qu'un bateau est en route de collision. Alors il repère le navire en question aux jumelles, nous transmet les informations donner par l'AIS : - «Pétrolier de 250 m de long et 50 mètres de haut au 245... chalutier de 20m au 50....»; Dans le golfe il y a toujours un autre bateau pas loin. «Au 245» ou «au 50» : c'est le cap de relèvement du bateau relevé avec un petit compas jaune du même nom. C'est une mesure à répéter car si cela ne change pas c'est que c'est une vraie route de collision et la il va falloir manoeuvrer pour ne pas croiser la route de notre nouveau voisin de trop près.
Michel doit déployer des efforts gigantesques pour sortir de sa cabine. S'équiper, glisser sur les fesses sur le plancher, se hisser grâce à une corde à noeuds, ou plutôt un bout à boucles dans la descente. Il accepte juste qu'on l'aide à franchir la dernière marche. Ensuite il rejoint le cookpit en repliant ses grandes jambes pantelinantes.
Il participe aux manoeuvres : aux winchs d'écoute du génois ou celui de la grande voile. Il se fait un point d'honneur de faire seul l'abondante vaisselle à bord à grand renfort de seaux de mer que nous lui remplissons à sa demande.
Trirlibibi semble aussi aller mieux. Il vient souvent se dégourdir les pattes sur le pont.
Il semble faire sa ronde du tableau arrière à l'ancre qui fait figure de proue. Souvent jouant l'équilibriste juste au dessus des flots. Je reste persuadé qu'il va finir à la baille. D'autant plus, depuis les visites successives des petits passereaux qui viennent s'offrir une petite halte sur papattes au beau milieu de leur migration ou de leur errance. Tirlibibi retrouve alors ses instincts de félin et semble prêt à tout risquer pour tenter d'aller croquer ici un rouge-gorge, là un pinson du nord, ou là bas une fauvette.
Bertrand supervise le tout en bon GO des mers. Lui sait toujours ce qu'il va falloir faire et cela rassure tout le monde. Il veille aussi à ce que chacun trouve ce qu'il est venu chercher : un complément de formation hauturière, des bouffées d'aventures au sein d'un équipage, ou des grands moments de solitude la nuit en haute mer : chacun s'y retrouve. Il sait aussi recadrer tout le monde avec le verbe posé d'un diplomate.
Déjà c'est le grandiose spectacle du couchant qui se prépare.
Je suis de quart et seul dans le cockpit à la barre. Enfin la barre c'est en fait une barre à roue que l'on touche rarement car le navire marche au pilote automatique. On modifie la route du bateau en actionnant quatre boutons. +1 ou +10 pour changer le cap vers tribord. -1 ou -10 pour aller vers bâbord. Si on appuie sur les deux ensembles le bateau vire de bord. On peut aussi modifier juste le gain (le temps de réaction) quand le vent forcit ou que la mer se creuse pour qu'il barre encore mieux.
Cela fait déjà un moment que j'ai désactivé l'alerte AIS d'un bateau qui se rapproche tranquillement. La route de collision est pourtant évidente mais elle est ici volontaire. Car ce bateau je le connais, il fait route avec nous depuis le départ. C'est «Willow» un flambant neuf catamaran NAUTITECH de 40 pieds qui est en convoyage jusqu'au Antilles pour être livré à son heureux propriétaire ou à la société de charter qui l'exploitera comme un spacieux mobile-home dans des baies à cocotiers.
A son bord se trouve Elise.
Elise ou la vraie vie. La vraie vie qu'elle s'est choisie en entamant il y a tout juste un an sa formation de Capitaine 200 au lycée maritime de La Rochelle. Et il se trouve qu'elle est de la même promo que Bertrand. Et c'est deux là ils semblaient errer sur la terre juste pour se rencontrer. Ils sont devenus comme frère et soeur partageant le même choix de vie. Et quelle incroyable coïncidence qu'ils se retrouvent là au bout milieu du golfe de Gascogne au début de leurs premières transats !
«Willow» n'est plus qu'à une dizaine de mètres, il est temps de donner l'alerte :
- «Bertrand, il y a un bateau là tout près en route de collision, je fais quoi ?»
Tout le monde grimpe vite sur le pont pour partager ce moment unique et magique de leur retrouvaille dans le lumineux couchant de l'océan.
C'est pas tout ça. Il faut que chacun refasse sa route. Une dépression est attendue au Cap finistère. Il faut se hâter si l'on veut passer avant que la porte se referme. Car quand le vent souffle du sud au pied des montagnes de la pointe de la Galice, la mer se forme, le vent s'accélère et ce finissement de terre devient impossible à franchir.
Bonne nouvelle le vent se lève. Le petit spi assymétrique est déjà à poste et nous filons au travers vers le Cap.
C'est la nuit.
Le vent a encore forci et la grande houle du golf s'est creusée. Difficile d'estimer sa hauteur deux ou trois mètres avec des troupeaux de moutons qui semblent s'être réfugiés sur les collines.
KELONE part lui aussi à l'assaut des collines de houle. Il semble presque s'arrêter au sommet de la crête. Hésite une poignée de seconde à son point équilibre, pivotant comme une boussole autour de l'axe de sa quille. Il abat, le génois claque et il replonge au lof en dévalant la montagne. Le GPS s'affole alors affichant des pointes à plus de 11 noeuds. On borde la grand-voile pour qu'il ne parte pas à l'abattée et on augmente le gain du GPS. Docile il ondule en gardant son cap.
C'est grisant, vivifiant et quel spectacle en ce début de nuit. Doucement la houle arrête de déferler : c'est maintenant un immense tapis lisse et roulant qui ondule. Au milieu, notre route semble tracée, illuminée par la lune qui s'est levée dans l'axe de notre tableau arrière.
Mon quart s'achève déjà. Il faut aller dormir. Et là c'est une autre affaire.
Regagner sa bannette dans un habitacle shaker. Se dévêtir sans se fracasser sur les cloisons. Se blottir dans son sac de couchage sans tomber de sa couchette. Puis implorer le sommeil dans le fracas assourdissant de la mature et de la coque qui cognent sur l'océan.
Journal de bord de KELONE : Jour 3-lundi.
Nous sommes toujours cinq à bord.
Fin du dernier quart du matin, nouveau lever de planètes. Dans notre arrière bâbord Jupiter pointe d'abord sur l'horizon. Vient ensuite Venus énorme quasi lunaire. Mars la petite rougeâtre attaque ensuite l'horizon. Ces trois planètes sont quasi en alignement. Un phénomène rare et d'une grande beauté. En mer on avait le sentiment d'être suivi par un immense voilier qui aurait oublié d'éteindre ses feux de route.
La matinée passe toujours plus vite en mer surtout que les conditions sont redevenues estivales. La croisière s'amuse. Bain de soleil en tee-shirt et en short en ce début de moins de novembre. Mon Tee-shirt il est jaune et il y a marqué YAKAPARTIR dessus. Cest un cadeau que m'avait donné Gaél et Marco au salon nautique de Paris en 2013 à l'arrivée de ma victorieuse mini-transat virtuelle. C'est la première fois que je le porte sur un bateau qui plus est l'un de leur bateau ou du moins un bateau avec leur couleur : le bleu et le jaune, ça me va !
Déjà midi, on dresse la table dans le cockpit. Deuxième poulet aux olives : on ne change pas une recette qui marche. Tout le monde est bénèze même le chat semble s'être amariné. Un coup de pied malencontreux dans les pieds amovibles de la table écourte la fin du repas. Déjà Michel enchaîne le nettoyage du cockpit à grande eau salée et une vaisselle de deux jours. On imagine qu'en transat on aurait aussi fait LA grande lessive.
Le vent fait la sieste, je l'imite. J'ai la plus belle bannette du monde sur le plus beau bateau du monde. Le chat et le moteur ronronnent.
De nouveau seul sur le pont pour un des quarts à ne pas louper, celui des marins romantiques, celui du soir.
Est-ce les bruits d'hélice qui les ont attirés ?
Et un et de deux et de trois, six même peut-être plus. Des petits gris dessus blanc dessous, c'est toute une bande qui bondit vers l'étrave : - «les Dau-Dau les Dauphins !». Déjà Bertrand jaillit de sa couchette en slip, Nelson le poursuit de près. Hélas Michel ne pourra pas suivre. Quelques minutes de ballet nautique : à bâbord à tribord, sur le ventre sur le dos, sous l'eau sur l'eau. Quelques minutes d'éternité.
Le calme est revenu. Bertrand et Nelson sont redescendus dormir. Le coucher de soleil sera masqué ce soir sous une épaisse couche de nuages. Au loin devant on devine des grains.
Mon esprit vagabonde. Je rêve... non je ne rêve pas : c'est bien à nouveau un couple de dauphins qui revient me rendre visite. Plus gros, plus blanc dessous. Assis sur devant l'étrave je pourrai presque les toucher. Leur évent me crachouille des petits jets d'eau. J'entends qu'ils me parlent : des cliquetis aigüs comme un chant de sirènes.
C'est le soir et ce soir c'est Nelson qui régale : - «Je vous fait quoi ? - fais donc une omelette ! - Une omelette ? Ca ce fait comment ? » Nelson va nous faire la première omelette de sa vie et en cassant plein d'oeufs dedans et en dehors de la poële.
Il me tend une assiette fumante. Il est chouette notre restaurant panoramique. D'autant que notre vague d'étrave fait scintiller sur les flancs de KELONE quelques planctons phosphorescents. Excellente ta première omelette mon cher Nelson.
Puis Bertrand nous réunit dans le carré autour d'une carte marine. Ca fait plaisir de revoir Michel. Nous devons nous rendre à l'évidence, le cap Finistère nous est hors de portée. D'autant que les conditions météo vont encore se dégrader. Objectif : La Corogne pour aller s'abriter. Vigo, ce sera peut-être possible mais en fin de semaine seulement.
Et à La Corogne ont y est pas rendu tout de suite. On estime ça jouable en la fin d'après midi... demain !
Et ce qui devait nous arriver plus tard nous arriva. En remontant sur le plateau continental, le vent forcit et bascule au Sud-Ouest. La mer reste formée même à la côte. A cette allure, au près KELONE a bien du mal à avancer. Un ris puis vite deux dans la grand-voile, c'est ensuite le génois qui nous faut enrouler et remettre le moteur pour étaler la houle qui s'est aussi durcie resserrée. On tire des bord plus que carrés à 50 degrés du vent tout au plus.
Vers 22h, il me faut aller dormir un peu la nuit va être bien longue.
Dormir ? Mais comment est-ce possible dans de telles conditions. Le bateau se soulève littéralement pour s'écraser à plat coque dans le creux de la vague. A ce moment à l'intérieur, je sursaute de ma bannette dans un craquement assourdissant.
Et en plus quand le bateau vire de bord, je dois m'agripper pour ne pas tomber de la couchette surélevée d'un bon mètre cinquante.
Pourtant dormir il le faut.
C'est finalement lové en position foetale dans la largeur du fond de la bannette, la tête et les pieds calés sur les cloisons que je m'endors. Je me laisse sombrer.
Ce fut court mais que ce fut bon. Se rhabiller encore. Quitter son duvet, enlever le tee-shirt pyjama, enfiler pantalon humide, polaire, veste de quart, gilet le tout en équilibre en se cognant sur les cloisons. Récupérer la longe qui doit nous empêcher de passer par dessus bord et le bracelet flash ligth que l'on doit déclencher si l'on y passe quand même.
Dehors, Neslon et Bertrand partagent leur quart. La terre est là toute proche, sombre et haute, ponctuée ça et là de faisceaux de phares. Autour des chalutiers ont commencé leur ballet nocturne. Ca clignote de partout. L'AIS est quasi en alerte permanente.
Les consignes de Bertrand sont claires. On tire des bords soit vers la terre jusqu'à 2 milles nautiques des côtes, soit vers le large jusqu'atteindre la route directe tracée vers le WAYPOINT placé au nord de l'entrée de la grande baie de la Corogne.
ET ce va et vient va durer toute la nuit. Une nuit c'est long mais pour rien au monde je n'aurais quitté le poste de barre. Choisir le bon moment pour virer, ajuster après le virement de bord le cap pour que le bateau fasse le moins de route possible. Partir vers le large ou la mer jusqu'à ce que le bateau tangue violemment, S'approcher des masses sombre des falaises pour trouver une mer plus assagie. Anticiper les routes de collision avec les chalutiers. Vérifier de temps en temps que le moteur est stabilisé à 80° et à 18000 tours minutes. La nuit est longue.
Avec Nelson on se souviendra longtemps, du croisement avec un chalutier au large de l'entrée du port de Cedeira qui nous contraindra à longer la fantomatique «punta do Brutal» (ça ne s'invente pas) avant de virer vers le large.
Un peu plus loin, bien plus tard, le franchissement du cap à l'ouest du célèbre spot de surf «la Playa Patin» nous parut interminable. L'écran de GPS nous indiquait trois petits rochers que nous n'arrivions pas à distinguer dans la nuit «les îlots de Marnela». Dans ces moments de navigation quasi sur place, on a beau savoir grâce au GPS que les îlots sont à plus d'un mile nautique du bateau, on se sent comme aimanté vers le large et obligé d'arrondir la trajectoire tant la nuit rend les masses sombres des falaises incroyablement proches et menaçantes.
Journal de bord de KELONE : Jour 4- mardi.
Nous sommes toujours cinq à bord :
Tirlibibi vient jouer les équilibriste sur le pont.
Bertrand et Michel sont dans leur cabine arrière, Ont-ils pu trouver le sommeil si près du coffre central du moteur qui ne mollit pas.
Nelson continue de faire des aller-retours entre le carré et le coockpit. Lui non plus n'a pas dormi, mais depuis bien plus longtemps.
C'est enfin le matin, le jour enfin nous montre la côte belle et grandiose et surtout où se situe exactement le rivage. On en profite alors pour pousser plus à la côte, plus à l'abri pour progresser.
Aux vols des fous de Bassan qui fleurent avec les crêtes des vagues se joignent ceux des goélands marins et bruns.
Enfin le cap Prior et son bâtiment-phare apparaît. Je me souviens y avoir dîner en famille l'été 2011, au pied de la falaise un grand voilier glissait inaccessible dans l'océan. Cela fait drôle d'être cette fois dans le bateau.
Enfin ce fut le cap de la Corogne et la route direct toujours au près vers le port.
Juste avant la longue digue du port Carino à l'embouchure de la Ria de Ferrol, KELONE longe un dernier petit cap dit «punta de Espasante». C'est une bien drôle de falaise en forme de tortue marine qui semble vouloir partir nager vers la mer. Incroyable rencontre de chéloniens.
Puis c'est la ville de la Corogne et son monumentale phare romain qui se distingue au loin.
Tout le monde est sur le pont. Michel est monté sur la descente pour profiter du spectacle. Encore quelques virements dans le chenal entre le défilé des remorqueurs qui partent chercher les cargos au larges. On affale, Nelson prend la barre au passage de la dernière digue. Le maître du port de plaisance vient sur son canot à notre rencontre. Entre les pontons, « Willow » est déjà à quai, lui aussi a choisi d'attendre le passage de la grosse dépression avant de franchir le Cap Finistère. Bertrand demande d'accoster juste à ses côtés. C'est Elise qui attrapera notre première amarre.
Voilà il est 17 heures : c'est à la fois enfin et déjà enfin fini.
Chacun semble pressé d'aller voir ailleurs, de vite s'éloigner du bateau qui nous a tenu enfermé trois jours en mer, d'aller mettre le pied à terre, de partir aspirer l'air de la ville. C'est une sorte de grande débandade. Que le capitaine se démerde avec son bateau, nous on se casse.
Dans cette autonomie retrouvée il en est une qui est plus spectaculaire que les autres.
Je n'oublierai jamais les cris de joie de Michel au moment où il pose ses fesses sur son fauteuil adossé sur le pont au flanc du bateau.
Avec Nelson on prétexte la recherche de tabac pour nous enfoncer dans les ruelles de la ville. Devant un Burger king, nos regards complices se croisent. Complices, on rentre dans la boutique encore déserte. Ce devait être notre meilleur hamburger de nos vies.
De retour au bateau Tirlibibi a disparu.
Nous fraternisons avec les marins de Willow dans leur carré panoramique à grandes gorgées de Ti'punch. Nous comparons nos voyages. Gaëtan le skipper, Elise, Philippe le stoïque Lémanique et le gai Marvin forment aussi un équipage extraordinaire.
Les lumières de la ville nous happent hors du port. Huit marins partent à la dérive. Une bordée bruyante et égrillarde arpente les ruelles. Cela peut ressembler à une virée d'une équipe de foot à 7 en déplacement à l'extérieur. Ce soir les espagnols sont en terrasse pour voir le Réal l'emporter sur le PSG.
Entre Ramon del Rey et Plupo Galiana, nos papilles se gavent de saveurs locales. Elise et Bertrand entonneront à maintes reprises les deux couplets qui immortalisent leur échappée dans les ports : la canne de Jeanne à Belle île en mer.
Journal d'escale à la Corogne : Jour 4- mercredi.
Nous ne sommes plus que quatre à bord.
Que la nuit fut profonde et réparatrice après la nuit blanche de l'avant-veille.
KELONE et WILLOW resteront bloqués à quai jusqu'au moins samedi.
Après quelques hésitations, nous décidons de partir avant et de laisser Bertrand seul continuer son voyage.
Trouver un moyen de partir. Direction les gares en bus. Pas de bus, pas de location de voiture possible pour la France, juste un train pour la frontière qui partira demain.
Y a un truc qui me tracasse. J'avais calé ce jeudi à la radio un interview du skipper rochelais Yannick BESTAVEN qui est en course sur son classe 40 dans la transat Jacques VABRE. Un coup de fil à RADIOCOLLEGE à mon compère Thierry. Un mail dans un café confirmer l'entretien radiophonique. Il fera bien ça sans moi. J'appelle aussi Jean SAUCET, l'entraineur du pôle mini-transat pour qu'il intervienne aussi dans l'émission pour nous parler de « ses » ministes aussi en transat. L'affaire est bouclée.
Puis c'est le grand déballage, le grand nettoyage.
Tout sortir du bateau avant la grande lessive des planchers au pont. Il est des cadres moins agréables pour passer le balais brosse. Avec Bertrand nous nous passons le manche jusqu'à la nuit tombante. Les lumières des baie-windows des immeubles du port illumine la coque rénovée de KELONE.
Plus qu'une nuit à passer à bord et Trilibi n'est toujours pas revenu.
Et c'est déjà notre dernier repas avec l'art d'accommoder les restes.
Le carré de KELONE se mua ensuite en boîte de nuit : une guirlande de lampions faisant office de boule à facettes. L'équipage voisin fut invité à bord à la VHF, puis à grands cris de prénoms entonnés dans le port. La fête fut belle avec tant de complicité à partager.
Plus tard, trop tard, nous primes le chemin de la ville alors désertée de ses habitants. Il nous fallut la complicité d'un chauve Corogniens pour ouvrir les grilles d'un kebab sur le coup de deux heures du matin. Nous eûmes bien du mal à retrouver KELONE.
Journal du retour vers Bordeaux : Jour 5- jeudi.
Nous sommes trois à quitter le bord :
Bertrand nous accompagne sur les quais. Les embrassades sont écourtées par l'arrivée du bus. Voilà c'est parti, c'est encore fini.
Départ 9h15 de la Corogne – Arrivée 21h15 à Hendaye. Vingt arrêts en gare. Douze heure de voyage pour un demi-retour.
A Hendaye les parents de Nelson nous proposent de nous emmener près de Bordeaux et nous invitent à dormir chez eux. C'est génial car il n'y a pas de train pour La Rochelle avant demain 5 heure. Il me restera en souvenir l'odeur de la forêt des landes. Les senteurs d'humus à l'arrivée dans leur maison en Médoc.
Journal du retour vers La Rochelle : Jour 6- vendredi.
Nous ne sommes plus que deux dans le train :
Le réveil a sonné à l'aube et cela faisait bizarre de se retrouver dans les embouteillages bordelais.
Aujourd'hui je voyage gratis car j'accompagne Michel. Une plateforme l'a hissé dans le train. On cause jeux de société en nous promettant de faire une partie de Full Métal Planète : un jeu culte et collector qui dort dans ma ludothèque.
Sa charmante femme nous attend à la gare et me ramène à la maison. Quel bonheur de rentrer chez soi je retrouve mes pénates.
Plus tard un SMS de ma fille m'informe qu'elle arrive en bus. Je l'attends à la gare d'Aytré. Déjà elle court vers moi comme si elle n'avait que 5 ans. Je l'emporte vers la plage et nous partageons un coucher de soleil. Ce soir je l'emmène au restau. Elle veut une pizza ce sera Théatro Bettini alors. A la fin du repas, nous avons la surprise de voir débarquer ma femme et ses collègues en goguette dans le même restaurant.
Le hasard fait bien les choses.
La vie est belle.
Epilogue à La Rochelle : Jour 7- samedi.
Je suis seul chez moi.
Prendre des nouvelles de Bertrand : est-il déjà reparti de la Corogne ? - «Allo ?».
Il répond on cause comme des complices de toujours : - «J'étais parti depuis une heure quand j'ai reçu un appel de la Capitainerie à la VHF : Tiribili est revenu je retourne le chercher !»
C'était écrit : Bertrand ne voyagera pas en solitaire.
C'est écrit : ensemble ils verront les lamantins tout autour de l'Atlantique Nord.
Et s'il vous plait comme nous de partager un bout de leur voyage, ne tergiversez pas, réservez vos places sur le site de YAKAPARTIR.com.
Il n'y a plus qu'à.
C'est aujourd'hui Dimanche, n'irai pas voir maman
car de l'écume blanche, m'isole dans le néant.
Devant une page blanche je veille dorénavant
trouvant des mots qui tranchent,le fil de l'océan.