Tolga

24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 23:01

Pour la première fois dans l’histoire de la Charente – Maritime / Bahia Transat 6,50, il y aura un skipper Turc au départ. L’internationalisation gagne du terrain. Qui s’en plaindrait ? Louons donc l’initiative de Tolga Pamir précurseur et véritable ambassadeur Turc.

Car, la volonté de Tolga de participer à cette folle mais fabuleuse aventure que représente cette transatlantique sur une coquille de noix de 6,50 mètres, n’est pas le fait du hasard, mais un désir bien ancré en lui.

« Si j’ai toujours navigué depuis l’âge de 7 ans, d’abord sur un petit bateau à moteur de mes parents, puis sur optimist, 470 et Tornado, cette envie de connaître le grand large, de disputer donc la Charente- Maritime/Bahia Transat 6,50 remonte à 2005. »

Envie trop forte ! Tolga Pamir quitte Istanbul, sa famille, prend ses cliques et ses claques, direction la France et plus précisément La Rochelle. Centre des « ministes » par excellence.

Tolga, publiciste et journaliste occasionnel publie dans l’équivalent en Turquie de notre Voiles et Voiliers. Il aurait pu s’acheter un mini « tout fait ». Mais lui voulait quelque chose de très personnel. Selon ses désidératas. Un bateau « cousu main.» Moralité, il prend un plan Rolland de 2008, un D2 qu’il construit lui-même.

En 2009, il met son mini à l’eau et dispute sa première course, le Trophée Marie-Agnès Péron. Il termine 37^e. Depuis, il a enchaîné les courses avec des résultats modestes mais qu’importe. Il plaisante d’ailleurs quand on lui demande ce qu’il espère de sa première transatlantique : « Terminer premier bien sûr » et il rit franchement. Plus sérieusement il reconnait : « C’est très long. Il peut y avoir des surprises. On peut rester planté plusieurs jours dans le Pot au Noir. Psychologiquement, je sais que ce sera dur. »

Cependant, pour Tolga cette traversée est avant tout, « une immense aventure. Un challenge énorme qui va permettre de me jauger, de me découvrir vraiment. » Son objectif prioritaire reste évidemment : « Aller de l’autre côté et faire rêver, chez moi en Turquie. »

Tolga Pamir est, en effet, en train de faire évoluer les mentalités dans son pays. Quand il a annoncé son intention de traverser l’Atlantique sur une si petite embarcation, il se souvient : « Je me suis fait traiter de fou, d’illuminé, de malade. » Six ans plus tard, on le regarde différemment. On l’invite à des émissions de radio, de télévision. Des écoles vont suivre son épopée.

« Chez nous tout le monde dit « On veut entrer dans l’Europe », mais personne ne fait rien de concret pour démontrer que l’on désire vraiment s’intégrer. Moi, j’ai choisi cette voie sportive, pour me rapprocher des Européens. Je pense que l’on peut commencer par ces échanges sportifs avant de voir plus loin. J’aimerais que mon engagement fasse des émules et qu’il y ait dans le futur d’autres Turcs à cette Charente- Maritime/Bahia transat 6,50.»

Tolga, il est vrai, a un terrain propice à vouloir ainsi s’ouvrir au monde : « J’ai eu trois oncles qui ont été ambassadeurs en France, Belgique et Nouvelle – Zélande. »

Et du rêve à la réalité le chemin est-il si long ? Tolga lance : « Pour garder l’espoir il faut avant tout avoir des projets. » Et lui, a démontré qu’il était capable de faire bien des sacrifices pour parvenir à les concrétiser. A La Rochelle, il a oublié son métier de publiciste. Pour subsister Tolga vend des bateaux français en Turquie et des bateaux finlandais … en France.

Et si vous lui parlez de la France ou de la Turquie, il coupe pour s’écrier : « Vive le monde ! » Tout un programme.

[extrait du site : www.charentemaritime-bahia.transat650.net ]