Yannick Bestaven, vainqueur en 2011 de la Jacques-Vabre avec Éric Drouglazet, repart en mer avec son coéquipier. Favori de la Solidaire, il s'élancera le 11 mars avec l'objectif de gagner.
"Pour sa découverte de la Class 40, un bateau « moins coûteux, plus facilement gérable avec lequel [il s']éclate », Yannick Bestaven a marqué les esprits en 2011. Deuxième de la course Les Sables - Horta - Les Sables, puis grand vainqueur de la Transat Jacques-Vabre - respectivement avec Christophe Bouvet et Éric Drouglazet - c'est donc en favori qu'il sera, une nouvelle fois avec Drouglazet, sur la ligne de départ de la première épreuve de l'année, la Solidaire du chocolat. Elle s'élancera le 11 mars prochain, de Saint-Nazaire, pour rallier Progreso, dans la province mexicaine du Yucatàn.
1 Une transition trop proche
« Nous ne serons pas nombreux, mais il n'y aura que les bons », avait lancé, sur un ton badin, Benoît Parnaudeau au moment où nous l'interrogions sur le peu de bateaux inscrits pour la Solidaire (11 pour le moment). Yannick Bestaven, son ancien compère et co-fondateur de la structure Quai 17 (1) ne s'en étonne pas : « La course arrive très tôt après la Jacques-Vabre (qui s'était terminée, pour lui, le 24 novembre dernier, NDLR). Mon bateau n'est revenu sur un cargo que le 20 janvier et, depuis, il est au chantier. C'est très court pour faire les finitions et boucler le budget. » Notamment le sien. Pas facile, dans un sport « trop peu médiatisé » de trouver des sponsors en aussi peu de temps, quand bien même vous êtes un sérieux candidat à la victoire.
2 Les Rochelais et la place de La Rochelle
La présence de trois marins rochelais (Bestaven, Caso et Parnaudeau) sur les 22 au départ n'en est que plus méritoire. « C'est bien, car c'est rare. On n'est pas les plus représentés d'ordinaire, notamment face aux Bretons. » Yannick Bestaven connaît bien ses deux concitoyens et adversaires, puisqu'ils étaient déjà face à face en 2001, lors de la Mini Transat.
Le skipper d'« Aquarelle.com » a par ailleurs travaillé avec les deux autres Maritimes sur différents projets. Mais il regrette de ne pas voir plus de marins dans la Cité des deux tours. « Il faudrait que les élus et les responsables s'y intéressent un peu plus. Il faut vraiment une réelle politique en faveur de la course au large. Car cela se dégrade dans le département. On a laissé partir beaucoup de choses, notamment les forces vives et les centres d'entraînement. »
Ainsi Bestaven, s'il vit à La Rochelle, s'entraîne à Lorient. « Je préférerais préparer mes courses ici, sauf qu'il n'y a rien. Il faut intéresser les coureurs à venir ici, pour créer de l'émulation. À Lorient, il y a un centre d'entraînement, un entraîneur sur l'eau… »
Et celui qui est venu spécialement ici pour la voile d'espérer qu'un jour, comme Saint-Malo a la Route du Rhum, Le Havre a la Jacques-Vabre et Les Sables-d'Olonne ont le Vendée Globe, La Rochelle aura sa propre course au large. « C'est déjà dur d'être au départ des courses, souffle-t-il. Si en plus on n'a pas les structures pour nous aider et attirer les sponsors… »
3 Son objectif pour la Solidaire du chocolat
Pour participer à la Solidaire du chocolat, les équipages doivent trouver des mécènes capables de mettre 25 000 euros pour soutenir une association. Yannick Bestaven appuie donc les projets de Toit à moi, qui œuvre auprès des sans-abri, et l'Anef-Ferrer, qui agit auprès de publics en danger et victimes d'exclusions en Loire-Atlantique. « On est favoris, même si cela ne veut pas dire grand-chose, admet le Rochelais. On a un très bon bateau, l'équipage est rodé. Normalement, on devrait être encore mieux préparés. » Et ce même si, depuis la fin de la Jacques-Vabre, les deux compères n'ont pas navigué ensemble, Bestaven se consacrant notamment à sa société, Watt & Sea (lire par ailleurs) et à son autre passion, la montagne.
L'objectif, pour le vainqueur de la dernière Transat, est clair : remporter toutes les traversées de l'Atlantique de l'année 2012 et, ainsi, réaliser le Grand Chelem. Car après la Solidaire du chocolat, c'est la Québec-Saint-Malo qui pointe son nez. Cette course, c'est avec une autre Rochelaise, Stéphanie Alran, qu'il devrait l'effectuer.
En revanche, en ce qui concerne le Vendée Globe, qui partira en novembre 2012, « c'est râpé, même si ça reste dans un coin de ma tête », confie le marin. « La prochaine, ce sera en 2016, mais il faudra, d'ici-là, que la conjoncture s'améliore. »
(1) Quai 17 Challenges avait été créée afin de permettre, grâce aux moyens techniques et au savoir-faire des marins, d'aider les jeunes sportifs à préparer leurs transats."
Par Bejamin DEUDON
Infos extraites du site du quotidien Sud-Ouest
Cet article a été publié le même jour que « mon » article du « virtuel au réel ». Quand j'ai retourné ce feuillet consacré à la Charente-maritime, j'ai eu vraiment honte de lui voler la « une ».
Tiens! j'ai une anecdote à propos de Yannick. Je me rappelle ne l'avoir croisé qu'une seule fois à La Rochelle : c'était au Café populaire, il y a presque quatre ans, pas longtemps après le départ du dernier Vendée globe. Alors que je venais juste de commencer ma première course virtuelle sur Virtual regatta, j'étais à DONF dans le truc et on devait en parler avec mon pote Alain. Et de voir apparaître un skipper dans mon vrai monde, ça m'a fait vraiment bizarre.
Yannick déambulait maladroitement dans ce bar à la recherche sans doute de paroles réconfortantes car ces beaux yeux semblaient avoir plongé au fond de l'abime.
Que j'aurais aimé avoir le courage d'aller lui taper sur l'épaule et de lui dire toute l'admiration que j'éprouvais à son égard ! Mais je suis resté figé sur ma chaise.
Depuis Yannick a pris sa revanche, et c'est facile de dire maintenant et à postériori : que ce fut pour lui le meilleur de ses abimes !
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